Octobre 2024 : des crues exceptionnelles sur les rivières de Haute-Loire

Le SPC Loire - Allier - Cher - Indre et l’unité hydrométrique de la DREAL Centre - Val de Loire ont fortement été mobilisés pour le suivi d’un épisode de crue majeur sur les hauts bassins de la Loire et de l’Allier.

Retour sur l’événement hydrologique

Un épisode méditerranéen d’une intensité exceptionnelle et inattendue

À la mi-octobre 2024, un épisode méditerranéen a été annoncé par Météo-France sur les départements de l’Ardèche, de la Lozère, de la Haute-Loire et de la Loire. Dans la soirée du 16 octobre, Météo-France reste relativement optimiste sur les pluies qui concerneraient les bassins de l’Allier et de la Loire, avec des cumuls et des intensités attendus notables mais « habituels ».

Mais le caractère imprévisible de ce type d’évènement va de nouveau se confirmer : moins de 24 heures après, le jeudi 17 octobre matin, ce sont tous les tronçons de vigilance du secteur, le Haut-Allier, la Loire vellave et le Lignon-du-Velay qui affichent une vigilance rouge et connaissent des crues très fortes voire exceptionnelles.

Cartes de vigilance crues publiées sur Vigicrues entre le 16 et le 22 octobre 2024 | DREAL Centre-Val de Loire / SPC Loire-Allier-Cher-Indre

 

En effet, les pluies connaissent un renforcement notable pendant la nuit et débordent de la crête pour concerner simultanément les bassins de ces trois cours d’eau.

Des intensités exceptionnelles sont alors observées sur l’extrême amont des bassins (fréquemment 25 à 30 mm/h pendant deux à trois heures successives ; jusqu’à plus de 40 mm/h pendant au moins une heure) et les cumuls sur deux jours dépassent régulièrement les 350 mm pour atteindre par endroit plus de 500 mm voire ponctuellement plus de 600 mm.

Cumul de pluie sur 3 jours, du 16 ocotbre 2024 06h au 18/10/2024 06h (Antilope J+1, source Météo France / Lamedo) | Données Météo-France

 

En revanche, si l’ensemble de la crête séparant le versant méditerranéen du versant Loire (jusque dans la Loire) est concerné par cet épisode extrêmement intense, celui-ci reste peu pénétrant : les cours d’eau de la rive gauche de la Loire à l’aval de Goudet sont peu arrosés par exemple.

Des crues exceptionnelles dans le secteur des sources de la Loire et de l’Allier

Ce sont donc des crues exceptionnelles qui se produisent sur ces trois cours d’eau, amenant à déclencher des vigilances rouges sur Vigicrues, parfois tardivement du fait l’aggravation rapide de la situation (en quelques heures) et des limites des outils (notamment face aux intensités extrêmes).

Vidéo de la crue de la Loire, du Lignon-du-Velay et de l’Allier en octobre 2024

DREAL Centre-Val de Loire / SHPECI

 

Fort heureusement, ces évènements et les écoulements violents qui en découlent ne provoquent pas de victime. Des interventions par hélicoptère sont toutefois nécessaires, et des dégâts (somme toute limités) sont constatés dans l’agglomération du Puy (secteur d’Audinet à Brives-Charensac, station d’épuration de Chadrac ou à Tence sur le Lignon, par exemple).

Autres secteurs concernés par des crues

À l’aval de la Haute-Loire, les apports restent faibles, et la crue est écrêtée par le barrage de Villerest (débit divisé par deux environ). Sur la Loire en Bourgogne ou la Loire moyenne (en région Centre-Val de Loire), la crue est à peine notable (pas de vigilance à l’aval de la confluence Loire - Allier par exemple).

En parallèle de cet évènement, des pluies notables voire localement fortes ont malgré tout concerné d’autres secteurs du bassin de la Loire (sur le bassin de la Dore, sur l’Indre, sur certains affluents du Cher) jusqu’à provoquer le déclenchement de vigilances jaunes.

Mobilisation des agents du SHPECI

Les équipes de l’unité hydrométrie Auvergne-Centre-Val de Loire et du service de prévision des crues Loire – Allier – Cher – Indre de la DREAL Centre-Val de Loire ont évidemment été fortement mobilisées pour cet évènement :

  • une mobilisation continue des équipes de prévisionnistes du mercredi au samedi matin (plus d’une dizaine d’agents mobilisés au total) pour assurer les prévisions mais aussi communiquer avec les gestionnaires de crise locaux ;
  • une présence sur le terrain des équipes d’hydromètres pour la réalisation de mesures de débit du mercredi au vendredi (3 à 4 binômes mobilisés), y compris de nuit ;
  • un passage des équipes de maintenance sur les points de mesure du secteur pour s’assurer du bon fonctionnement des appareils (bon fonctionnement avéré, ce qui constitue une satisfaction importante).

Si la mobilisation pendant l’évènement est évidemment majeure, elle reste importante dans les jours et semaines qui suivent pour plusieurs opérations indispensables :

  • des relevés de terrain complémentaires ;
  • le dépouillement des mesures ;
  • la critique et la validation des données calculées ;
  • le bilan du fonctionnement des outils de prévision.

En particulier, dans ce genre d’évènement, les écoulements sont extrêmement perturbés : ils sollicitent fortement le matériel (même le plus robuste) et peuvent imposer d’utiliser des méthodes de mesure particulières (par vidéo notamment) dont le résultat n’est pas immédiat.

Par ailleurs, le lit des cours d’eau est généralement fortement remanié. Un important travail de terrain et de bureau est alors nécessaire avant que ne soient obtenues des valeurs de débit fiables. La caractérisation précise de l’évènement (sa période de retour) nécessitera encore plusieurs semaines de délais pour être annoncée.

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