Retour sur le colloque "Qualité de l’Air Intérieur" du 10 octobre 2019 : les ressources en ligne !

Organisé par la DREAL Centre-Val de Loire dans le cadre du 3ème Plan Régional Santé-Environnement (PRSE 3), le colloque "Qualité de l’Air Intérieur et Performance environnementale : pour un bâti durable et sain" a réuni plus de 60 professionnels de la construction et de la santé le 10 octobre 2019.
Polluants et conséquences sanitaires, problématiques spécifiques aux bâtiments neufs et anciens ainsi qu’aux établissements recevant du public sensible, interactions entre performance thermique et qualité de l’air intérieur… cette journée a été l’occasion de balayer de nombreuses problématiques touchant à la qualité de l’air intérieur au travers d’échanges, de retours d’expérience sur des cas concrets, et de présentations de méthodologies et ressources. Tout au long de la journée, le rôle déterminant de systèmes de ventilation en bon état de marche a été souligné, de même que l’importance d’une bonne coordination entre entreprises – en particulier lors de la phase chantier et entre acteurs de la conception et de la maintenance.

Andrés LITVAK – responsable du domaine Bâtiment au CEREMA Sud-Ouest – a assuré l’animation de l’ensemble de la journée.

9h30 : Ouverture du colloque

Christophe CHASSANDE – DREAL Centre-Val de Loire – Directeur

En ouverture, le directeur de la DREAL a rappelé que nous passons près de 80 % de notre temps dans des espaces clos où se concentrent des polluants qui peuvent avoir d’importantes conséquences sanitaires : maux de tête, irritations de la peau et des muqueuses, maladies respiratoires, allergies, … Ainsi, la mauvaise qualité de l’air intérieur représente aujourd’hui un coût annuel de 19 milliards d’euros pour la France d’après l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) et l’Observatoire de la Qualité de l’Air Intérieur (OQAI).

9h40 : Habitations performantes en énergie : évaluation de la Qualité de l’Air Intérieur (QAI) et identification des facteurs à l’origine de leurs spécificités

Mickaël DERBEZ – CSTB - Direction Santé-Confort – Division Expologie/Observatoire de la QAI - Chef de projets

Retrouvez la présentation ici :

La QAI des habitations performantes en énergie - Mickaël DERBEZ

Après la présentation de Mickaël DERBEZ, les échanges avec les participants ont porté sur de nombreux sujets :
- mesures d’indices de contamination fongique en période de chauffe et hors-chauffe,
- prise en compte du comportement des occupants,
- renouvellement d’air par les fuites parasites,
- lien entre le bois et l’émission de terpènes et aldéhydes, et importance d’avoir une vision intégrée prenant en compte les conditions de mise en œuvre des matériaux et l’ensemble de leurs caractéristiques,
- manque d’études épidémiologiques déterminant les impacts sanitaires de chaque polluant,
- impact sur les concentrations mesurées du délai de mesure par rapport au moment où le matériau a été mis en œuvre,
- impact de la température sur la réémission de polluants.

10h15 : Table ronde : Du terrain à la méthodologie pour améliorer la prise en compte de la QAI dans les constructions

Lionel COMBET – ADEME Bourgogne-Franche-Comté – Ingénieur en Qualité environnementale des bâtiments
Hubert DECAUDIN - Bureau d’étude thermique AIRVISION
Charline DEMATTEO – Bureau d’étude INDDIGO - Référente Santé Environnement
Mariangel SANCHEZ – Agence Qualité Construction - Ingénieure suivi des innovations et
référente technique sur les aspects sanitaires et la ventilation

En préambule de la table ronde, Mariangel SANCHEZ a rappelé quelles interactions peuvent avoir lieu entre performance thermique et QAI.

Retrouvez la présentation ici :

Allier performance environnementale et QAI


Les intervenants de la table ronde ont ensuite pu présenter rapidement leur activité ainsi que les projets en lien avec la QAI sur lesquels ils sont ou ont été amenés à travailler (ICHAQAI, Dispositif REX-BP, ECRAINS).

Retrouvez les présentations ici :

Projet ICHAQAI – Impact de la phase CHAntier sur la Qualité de l'Air Intérieur
Le Dispositif REX Bâtiments performants
AIRVISION : bureau d'études thermiques
ECRAINS

Puis, la problématique de la prise en compte de la QAI dans l’existant a constitué le premier point abordé par les acteurs autour de la table. Hubert DECAUDIN a rappelé aux participants l’obligation réglementaire de surveillance de la QAI dans les Etablissements Recevant du Public (ERP) définie notamment par le décret n° 2015-1926 du 30 décembre 2015 modifiant le décret n°2012-14 du 5 janvier 2012.

Retrouvez plus de détails sur cette obligation réglementaire ici :

Contexte réglementaire obligation surveillance QAI dans les ERP




Charline DEMATTEO a quant à elle dressé un état des lieux de la qualité de l’air dans les écoles en exposant notamment les résultats de la Campagne Nationale Ecoles menée par l’OQAI entre 2013 et 2017 sur 602 salles de classe. Près de 70 % des établissements étudiés présentent un confinement élevé ou très élevé. Une solution simple mais qui doit être systématique : l’ouverture des fenêtres aux intercours et pauses. Autres points de vigilance :
- la pollution aux particules fines,
- les Composés Organiques Semi-Volatils (COSV),
- le plomb dans les peintures.

Retrouvez la présentation ici :

État des lieux de la qualité de l'air dans les écoles

Les échanges avec la salle ont porté sur la prise de conscience des acteurs de la construction mais aussi des particuliers sur cette thématique.
Cette prise de conscience est encore timide mais elle se développe, notamment chez les promoteurs pour lesquels la prise en compte de la QAI dans leurs bâtiments peut représenter - en plus d’un problème de santé publique - un enjeu de commercialisation et de différenciation par rapport à la concurrence.
Chez les particuliers, un participant présent dans la salle a su souligner le rôle des associations d’éducation à l’environnement via les actions locales de sensibilisation qu’elles mènent à destination du grand public.
De plus en plus d’outils existent pour accompagner les professionnels dans leur prise en compte de la QAI à toutes les étapes de la vie du bâtiment, mais un important travail de sensibilisation reste à faire que ce soit auprès des professionnels ou des particuliers.

Lionel COMBET a ensuite insisté sur l’importance du respect des règles de l’art pour mener à une bonne QAI à la livraison malgré les réalités économiques qui poussent à aller toujours plus vite, au détriment des temps de séchage des dalles par exemple. Le risque de moisissure n’est jamais loin !
Le deuxième point qui a été abordé est celui de la co-responsabilité de l’ensemble des différents corps de métiers qui interviennent sur un chantier. L’objectif est ainsi de passer d’une logique de transfert de responsabilité à une logique de co-responsabilité où tous les acteurs sont solidaires dans l’atteinte de l’objectif d’une meilleure construction possible. Reconnaître que l’objectif n’a pas pu être atteint à une étape du chantier permet aux corps de métier intervenant par la suite de diligenter des mesures pour s’approcher au plus de l’atteinte de l’objectif final.
Pour plus de détails sur ce qui a été dit, c’est ici :


C. DEMATTEO et M. SANCHEZ ont ensuite abordé les problématiques concernant la phase chantier en matière de garantie d’une bonne QAI en présentant les enseignements du projet ICHAQAI.

Retrouvez la présentation ici :

Solutions chantier


Puis, la question du lien entre acteurs de la conception/réalisation et acteurs de la maintenance a été abordée par Lionel COMBET. Ces acteurs sont souvent distincts et n’ont pas l’habitude de travailler ensemble alors que les décisions prises lors de la conception du bâtiment et la mise en œuvre en phase chantier vont très fortement impacter la phase de vie et de maintenance du bâtiment. De forts surcoûts peuvent en effet être induits lors de la phase de maintenance du bâtiment par des défauts de conception et/ou de mise en œuvre. Une vision globale du bâtiment permet d’éviter un transfert de responsabilité déséquilibré des acteurs en amont vers les acteurs chargés de l’exploitation et de garantir une bonne qualité des constructions à des coûts globaux raisonnables sur l’ensemble de l’opération. Une mauvaise coordination entre ces deux « mondes » risque également d’impliquer une mauvaise compréhension de la façon dont le bâtiment doit être entretenu selon la manière dont son fonctionnement a été pensé en amont, avec le risque d’impacter sa pérennité. Ce constat rejoint le décalage qu’il peut y avoir entre la conception d’un bâtiment et l’usage qui en est réellement fait par les occupants. Pour plus de détails sur ce qui a été dit, c’est ici :

En réaction à ces discussions, une collectivité aux prises avec la réalité du terrain a exprimé la difficulté pour un maître d’ouvrage de tout prévoir ainsi que la nécessité de s’adapter à des aléas tels que la faillite d’une entreprise intervenant sur le chantier ou le changement d’usagers consultés en amont par d’autres usagers ayant des attentes et pratiques tout à fait différentes. Une hiérarchie des problèmes s’impose à chaque projet et il faut faire des choix en conséquence. Cependant, si aucune sensibilisation à la QAI n’est faite, celle-ci sera tout simplement absente des choix qui seront faits en réaction aux aléas rencontrés. Il est donc primoridial de continuer la sensibilisation sur ce sujet pour que la vigilance en matière de QAI devienne un réflexe.
De plus, la QAI est un sujet très transversal pour lequel il faut s’intéresser à l’enveloppe, aux matériaux, aux systèmes, aux occupants, etc. et ne doit pas être perçue uniquement d’un point de vue du surcoût mais comme un levier pour arriver à plus de qualité générale.

Une deuxième réaction de la salle a porté sur un questionnement concernant une évolution des débits réglementaires.
Aujourd’hui, près de 80 % des opérations de logements neufs contrôlées par l’État présentent des anomalies de ventilation donc l’enjeu reste encore de réussir à respecter les débits réglementaires fixés par l’arrêté du 24 mars 1982 pour les logements. Dans tous les cas, une augmentation des débits suppose de porter une réflexion importante sur les bouches d’insufflation, leur emplacement et l’acceptabilité des courants d’air et de l’inconfort.

Enfin, la table ronde s’est conclue par une réflexion sur le rôle de la technologie dans la connaissance et la maîtrise de la QAI. Une collectivité présente dans la salle a en effet exprimé le souhait de pouvoir disposer de capteurs permettant de définir à l’instant t si la qualité de l’air respiré par les occupants d’un bâtiment est acceptable. Les mesures fournies par le capteur pourraient par exemple ainsi être présentées en tant que preuve à un parent d’élève. Le développement de tels capteurs est aujourd’hui en cours mais ils présentent encore des problèmes de fiabilité. L’attention a également été attirée sur le fait que se reposer sur la technologie conduit immanquablement à désengager l’usager de sa responsabilité en matière de QAI.

13h30 : Présentation du centre de ressource CREBA + Retour d’expérience sur la QAI d’un bâti ancien réhabilité Patrimoine Basse Consommation

Dany CHIAPPERO - Parc Naturel Régional de la Brenne – Responsable du Pôle Patrimoine-
Paysage-Urbanisme
Andrés LITVAK – Cerema Sud-Ouest - Responsable du domaine Bâtiment

Après une pause déjeuner ayant permis de continuer les échanges dans un cadre informel, Andrés LITVAK a présenté le centre de ressource pour le bâti ancien CREBA disponible sur : http://www.rehabilitation-bati-ancien.fr/fr

Retrouvez la présentation ici :

CREBA Un outil au service des professionnels pour favoriser la réhabilitatio
Présentation CREBA
Présentation CREBA

Pour continuer sur la thématique du bâti ancien avec un retour d’expérience concret, Dany CHIAPPERO a présenté la démarche « Patrimoine Basse Consommation » menée par le PNR de la Brenne, en détaillant plus précisément la réhabilitation de la longère de Lurais.

Retrouvez la présentation ici :

Projet « PBC » Expérimentation Patrimoine Basse Consommation

14h15 : Retour d’expérience d’une Conseillère en Environnement Intérieur : QAI et impacts sur la santé

Murielle GENDRON – Mutualité Française Centre-Val de Loire - Conseillère en Environnement Intérieur

Pour permettre aux participants - en majorité acteurs de la construction plus que de la santé - de savoir quels sont les impacts sanitaires pouvant être induits par des pathologies du bâtiment et/ou des mauvais comportements, Murielle GENDRON a pu - au travers de son activité de Conseillère en environnement intérieur (CEI) – présenter des cas concrets de patients rencontrés lors de visites de leur logement.

Retrouvez la présentation ici :

Qualité de l'air intérieur : impacts sur la santé


Suite à cette présentation, la question des aides permettant aux occupants de rénover leur logement suite à la visite d’un CEI a été posée, et l’importance du lien entre les CEI et les services communaux d’hygiène, les bailleurs sociaux et les structures d’information pour les particuliers tels que les EIE, ADIL et PTRE a été souligné.

15h05 : Présentation su site "batiment-ventilation.fr, Allier performance environnementale et QAI, ressources du dispositif REX-BP

Andrés LITVAK
Mariangel SANCHEZ

Après une pause d’une dizaine de minutes permettant d’aérer la salle, Andrés LITVAK a présenté le site batiment-ventilation.fr qui regroupe règles de l’art, bonnes pratiques, FAQ, serious games, actualités, etc.
Ce site est disponible sur : https://www.batiment-ventilation.fr/accueil

Retrouvez la présentation ici :

Présentation Générale Centre de Ressources batiment-ventilation.fr


Les ressources du Dispositif REX-BP ont également été présentées avec un focus plus particulier sur la mallette pédagogique et les rapports thématiques « 12 enseignements à connaître » qui sont également des ressources pour d’autres thématiques « bâtiment » que la QAI. Pour retrouver l’ensemble de la démarche et des ressources REX-BP, un site dédié a été créé par l’AQC : https://rexbp.qualiteconstruction.com/

Retrouvez la présentation ici :

Ressources du Dispositif REX BP


15h35 : Retour d’expérience sur l’obligation de surveillance de la QAI dans les Etablissements Recevant du Public : état des lieux du parc et accompagnement vers un plan d’action

Hubert DECAUDIN

Enfin, pour conclure la journée, Hubert DECAUDIN est revenu sur l’obligation de surveillance de la QAI dans les ERP accueillant du public sensible en détaillant l’option « diagnostic de l’établissement suivi d’un plan d’action » pour laquelle peuvent opter les collectivités et qui nécessite, dans le cas d’une école, une vraie réflexion du directeur de l’établissement aux enseignants en passant par le personnel de ménage.

Retrouvez la présentation ici :

QAI : De l'existant vers un plan d'actions


Vous souhaitez récupérer les documents distribués aux participants au début de la journée ? N’hésitez pas à nous contacter !

A venir :

- bilan à mi-parcours du PRSE 3
- publication d’une étude sur l’assimilation de l’étiquetage des matériaux de construction par les distributeurs de ces matériaux et par les artisans
- plaquette de sensibilisation des maîtres d’ouvrage à l’importance d’un système de ventilation en bon état de marche

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